Dans le cadre des opérations de développement urbain en Égypte, il est souvent constaté que le gouvernement prend des décisions de manière unilatérale sans tenir compte du droit des citoyens à un logement sûr et décent. Les projets de développement se déroulent souvent sur les ruines des habitations des citoyens, ignorant leurs droits légaux et humains. Cela rend nécessaire, dès l’annonce des projets de développement, d’examiner la situation des habitants de la région concernée. Selon le plan de développement de l’Égypte 2052, le gouvernement égyptien a annoncé son intention de créer de nouvelles agglomérations pour absorber la croissance démographique et encourager la population à s’installer dans ces nouveaux espaces.
Les Émirats détiennent les plus grands projets de développement
Le vendredi 23 février 2024, le gouvernement égyptien a annoncé la mise en place d’un projet immobilier à Ras El Hekma, dans le gouvernorat de Matrouh, avec un budget énorme de 35 milliards de dollars. Il est prévu que les investissements atteignent 150 milliards de dollars pendant la durée du projet. Ce projet, annoncé en partenariat entre les Émirats arabes unis et l’Égypte, sera représenté par l’entreprise Abu Dhabi Holding pour les Émirats, et par l’Autorité des nouvelles communautés urbaines pour l’Égypte. Le gouvernement égyptien a présenté cet accord comme le plus grand investissement étranger direct de son histoire.
La société Abu Dhabi Holding a, quant à elle, confirmé l’acquisition des droits de développement du projet de Ras El Hekma pour un montant de 24 milliards de dollars. Elle a également annoncé qu’elle investirait 11 milliards de dollars dans des projets immobiliers et autres en Égypte. Le début des travaux est prévu pour début 2025, avec une participation égyptienne de 35% dans le projet.
Les habitants présents sur le site du projet
Dans son discours, le Premier ministre égyptien, Moustafa Madbouli, a assuré que les habitants de la région de Matrouh seraient indemnisés, en les décrivant comme « présents sur les terres du projet ». Toutefois, son discours ne reconnaissait pas les habitants comme étant les propriétaires de la terre, mais plutôt comme des occupants. Il n’a pas clarifié leur statut juridique, bien que le projet soit en discussion depuis longtemps.
Absence de transparence et droits des citoyens
Le manque de transparence dans la diffusion des informations reste une pratique courante du gouvernement égyptien. Malgré les annonces officielles, il n’y a eu aucune communication précise sur le nombre exact d’habitants affectés. Les citoyens sont souvent perçus comme non qualifiés pour être consultés, et cette situation reflète une politique plus large d’exclusion.
La manière dont les habitants sont expulsés de leurs terres et maisons sans cadre légal approprié, sous la protection des forces de sécurité, a été observée dans d’autres projets similaires, comme à l’île de Warraq et à Nazlet El-Semman.
Conclusion
Il est indéniable que l’Égypte mène des efforts considérables pour stimuler son économie et attirer des investissements étrangers. Cependant, le développement économique doit aller de pair avec le respect des droits des citoyens. Il est impératif d’adopter une approche inclusive qui respecte les droits des habitants, en offrant des alternatives et en garantissant une justice sociale. Le gouvernement doit s’engager à respecter les traités internationaux et les lois nationales pour assurer que le développement ne se fasse pas au détriment des citoyens.